Samedi 12 octobre, 15h21
Selene se promenait au milieu de l’allée, les yeux dans le vague, un livre à la main. Elle sortait rarement, mais la douceur du printemps l’avait poussée à profiter de l’air doux qui régnait cet après-midi. L’effluve des fleurs était merveilleux. Elle allait se trouver un banc au calme, près d’un arbre, et lire tranquillement jusqu’en début de soirée. Elle était à jour dans ses devoirs, et aucun empêchement de dernière minute n’avait surgi pour l’instant. Les prochaines heures promettaient d’être reposantes.
Le parc n’était pas bondé, mais nombreux étaient ceux voulant profiter du beau temps de la floraison printanière. Cependant, une atmosphère sereine régnait sur le lieu. Les amoureux marchaient main dans la main, se murmurant des mots doux, ou bien restaient assis à l’ombre, souriants. Quelques coureurs se faufilaient entre les promeneurs, le regard portant loin ou au contraire fixé sur le sol, et enchainaient les tours. Les oiseaux étaient de sortie, et chantaient à tout va. Quelques personnes, comme elle bientôt, avaient le nez plongé dans un livre, absorbés, et ne prêtaient plus aucune attention à leur environnement.
Selene se dirigeait vers la serre de cristal. Peu s’y rendaient, en raison de son éloignement, mais, en conséquence, le calme et la sérénité y étaient de mise. De plus, à cette période de l’année, l’endroit devait être chatoyant et floral, plus encore que le reste du parc. Elle en était encore loin, et laissait pour le moment dériver des yeux et ses oreilles sur ce qui l’entourait, captant des bribes de conversations, observant les visages. Quelques personnes la croisèrent du regard et détournèrent bien vite la tête, continuant leur chemin. Rares étaient ceux qui ne craignaient pas le regard froid et dur de la jeune femme. Pourtant, elle tentait de calmer cette flamme dans ses yeux, en essayant de sourire un peu plus. Mais il s’avérait que son sourire semblait inquisiteur. Peut-être ne devait-elle pas s’habiller tout de noir, pour ne pas attirer l’attention sur son visage. …Bah. Si ce n’était la figure, ce serait le corps. La société et les femmes musclées ne faisaient pas très bon ménage, visiblement. Elle avait donc arrêté de se soucier du regard des autres. Pour ce que cela lui apportait…
- Mais tu ne peux pas me faire ça !
Elle tourna vivement la tête vers la provenance du cri suraigu. Une jeune femme, les larmes aux yeux, s’adressait violemment à un garçon qui devait être son petit ami.
- Ecoute, ne fais pas une scène devant tout le monde… répondit celui-ci, désemparé.
- Tu ne peux pas me quitter, continua-t-elle, sanglotant.
…Visiblement, son ex-petit-ami. Mais cela ne la regardait pas. Tandis que les badauds s’approchaient pour suivre la dispute, elle voulut reprendre sa marche. Cependant, quelque chose lui rentra dedans. Ou plutôt quelqu’un. Surprise, elle fit un pas en arrière retrouvant son équilibre.
