T'aurais-je trouvé, mon partenaire ? [Haru & George]

Il ne devait pas. Il ne devait vraiment pas. Il devrait actuellement rassembler sa détermination. Oui, il le fallait. Après tout, céder à la tentation du démon, ce n'était pas une action exemplaire, digne de quelqu'un voulant faire régner la justice. Il ne fallait pas accepter l'offre du diable, que penserait toutes les magical girls du monde en le voyant actuellement ? Non, il devait être plus fort que la tentation, plus fort que ces plaisirs mortels, il devait transcender son humanité, son existence, pour se placer au dessus de ce genre de considération ! Il devait confronter le démon, de face, et le vaincre, le surpasser ! Il devait être un exemple pour tout une génération, pour des milliers d'enfants de part le monde ! Il ne devait pas céder, pas fléchir, pas poser un genoux à terre ! Avec a volonté, son courage, il allait vaincre le démon, et rétablir la...

-Hum, c'est trop bon !

Ah, non, il avait finit par céder. Bon ben tant pis. Il fallait bien dire qu'une des faiblesses de ce pauvre Haru, c'était les petites douceurs, qui avaient le don d'éveiller son côté gourmand. Il avait de la chance à ce niveau là : il possédait un corps qui malgré les pâtisseries ne grossissait pas trop. Ou alors, peut-être est-ce lié à sa pratique des arts martiaux qui lui permet de dépenser les calories ? Bref, quoi qu'il en soit, voilà des conditions qui n'encourageaient pas le jeune homme à se priver de ces délices. Mais cela semblait le combler, ce n'était donc peut être pas une mauvaise chose, en fin de compte.

Pour replacer un peu les choses dans leurs contextes, Haru se trouvait actuellement au niveau d'un salon de thé. Pour être plus exact, il se situait en intérieur, un peu dans un coin, assis à une table, du côté du mur pour profiter de la banquette. Il était en train de se délecter d'un délicieux choux à la crème, qui n'était pas prévu au départ, ainsi que d'un chocolat chaud, qui lui était prévu au départ. Qui était prévu seul, au départ, d'ailleurs. Et la raison était simple, c'est que notre jeune homme était conscient qu'il aurait sinon put être distrait de sa mission. C'est une bonne chose d'en avoir conscience. C'en serait une autre d'éviter de l'oublier au moment du choix.

Mais quelle était donc cette fameuse mission ? Et bien simplement d'essayer de dessiner une scène de la vie de tous les jours. Et aussi, arriver à faire interagir des personnages dans un décors, chose qui lui posait des difficultés. Ainsi, après avoir finit de déguster son choux à la crème, il décida enfin de se mettre au travail. Sortant un petit calepin, prenant des gorgées de son chocolat à intervalle régulier, il commença à dresser des petits croquis, des petits dessins, espérant arriver à quelque chose qui le satisfasse. Il était mignon, perdu dans son monde onirique, d'héroïnes et de sucreries.

Il n'en pouvait plus. Il était assis sur un banc en plein milieu de la ville, les jambes écartées, penché en avant et les main dans ses cheveux. Il attendait tout simplement le repas du midi, et il y avait encore une bonne heure qui l'en séparait. Et durant cette attente, le pauvre garçon s'ennuyait terriblement. Et de plus, il faisait chaud, à un point que la chaleur était aussi écrasante que l'était l'ennui. Les rues respiraient la monotonie, avec seulement quelques passants qui la traversait ça et là. Le ciel, pourtant d'un bleu magnifique et sans tâches blanches, ne faisait justement qu'appuyer cet état de long moment où il ne se passe rien.

Un léger vent se faisait sentir parfois, donnant un peu de fraîcheur aux joues de George. Des morceaux de papiers, dont des emballages ou des prospectus, tournoyaient ainsi en face du garçon, avant de poursuivre leurs routes jusqu'au tournant quelques mètres plus loin. Un gobelet en plastique, dont le fond semblait encore rempli d'un jus rouge, roula sur le trottoir avant de tourner et de tomber sur le bord de la chaussée, près de la bouche d'égout. Ces choses étaient devenues la seule distraction de l'adolescent, qui les observait d'un regard vide, à peine intéressé.

Il eut même l'envie de se relever et de pousser un "raaaaah !" d'exaspération, tellement la situation était désespéramment ennuyeuse. Il fallait faire quelque chose. N'importe quoi, qui puisse rompre avec l'atmosphère devenu si pesante. Alors il quitta le banc, et marcha tout le long en regardant à droite à gauche. Rien de bien surprenant, des magasins de vêtements en face, une boulangerie juste à côté, avec par la suite un restaurant... jusqu'à ce que son regard se pose sur un salon de thé. Il n'en avait jamais vu auparavant. Et pour sortir de cet ennui profond, découvrir quelque chose de nouveau pourrait être un bon moyen. En se demandant ce qu'il y trouverait, il poussa la porte d'entrée avec en tête : "Le thé, c'est bien un truc d'anglais ça".

George contrastait avec l'ambiance colorée et chaleureuse de l'endroit, ayant l'air plutôt froid, et de ses yeux noirs, et de ses cheveux noirs, et de ses habits tous noirs, parce qu'il fallait évidemment qu'il ait du noir jusqu'au bout des ongles, il n'avait peut-être pas l'air d'être des plus joyeux. Après être entré dans l'une des plus grandes discrétion, sans que qui que ce soit ne relève les yeux, les siens parcoururent la salle à la recherche d'un endroit où s'installer. Mais la présence d'une jeune femme activa comme un mécanisme dans son esprit : en la voyant, il avait comme l'étrange impression que celle ci possédait un truc, une chose indéfinissable, une sorte de déjà vu. "Tiens... c'est elle."

Il s'approcha de cette personne, tout en gardant une certaine distance. N'étant pas du genre à entrer directement en contact, surtout si c'est une fille, il s'installa sur la banquette, devant la table d'à côté. Il la regarda un moment. Elle était franchement mignonne, de joli cheveux noirs coiffés parfaitement, et des habits qui lui allaient à ravir. Il détourna la tête, comme pour éviter qu'elle ne le remarque en train de l'observer, en pensant à commander une boisson. Ou un dessert, vu le petit plat avec des traces de nourritures qui se trouvait entre la tasse et le calepin de la demoiselle. Et il la regarda à nouveau, et jeta un coup d’œil sur ce qu'elle faisait : du dessin, et visiblement, elle avait l'air d'être plutôt douée.

Le silence régna, entrecoupé des bruits de tasses et du sifflement des machines à thé, sans qu'elle ne s'aperçoive de sa présence, complètement concentrée sur son croquis. Ne sachant même pas commander de quoi boire ou manger, et de peur que l'ennui ne revienne, il décida de se lancer et l'interpella, de la manière la plus simple possible.

"Salut, ça va ?"

Haru continuait à dessiner. Et il arrivait plutôt bien à continuer, dessinant les interactions qu'il observait, tout cela bien sur arrangé dans un trait mignon et épuré, qui lui correspondait bien. Ainsi, une dispute devenait comique, une discussion entre ami héroïque, et un simple couple devenait le paroxysme du romantisme. D'ailleurs, Haru s'arrêta à ce moment-là. Il y avait en effet un couple, assis au loin, à une table, partageant ce qui semblait être une titanesque glace... Cela lui rappelait des souvenirs, qui remontait déjà à deux bonnes années... C'est vrai que lui aussi s'est comporté comme cela, avant.

Cette pensée vint l'interrompre durant son dessin. Il était légèrement démoralisé en repensant à ces deux années de célibats. Bien sûr Amélie, son ex-petite amie, lui manquait, mais il était passé à autre chose et n'était plus amoureux d'elle. Cependant, il n'avait toujours pas trouvé une nouvelle âme sœur, et cela le blasait légèrement. Il aimerait bien être comme ce couple, avec une jolie fille. Il finit par se perdre dans ses pensées, se détournant de son dessin, fixant son calepin sans rien dire. En ayant finalement marre, incapable de dessiner quoi que ce soit, il finit par s'étirer, se remettant alors droit, car jusque-là penché sur son calepin. Après cela, il se laissa tomber en arrière, exprimant un long soupir. Ce fut à ce moment-là qu'une voix, presque familière, attira son attention, quelqu'un qui semblait simplement le saluer.

Il détourna le regard pour apercevoir un jeune homme noir. Et par là, il ne faut pas croire qu'il s'agit de sa couleur de peau. Plutôt que sa peau est la seule chose chez ce garçon qui n'était pas noir. Un tel manque de couleur... C'était comme si on avait mélangé une bobine d'un film noir et blanc à celle d'un film en couleur. Mais il était bien là. D'ailleurs, étrangement, il semblait familier... Mais oui, c'était lui... Lui ? Son lien d'âme, non ? Bizarre, c'est comme si son instinct et son raisonnement lui disaient deux choses différentes. Heureusement, Haru état du genre à mettre son raisonnement en veilleuse dans ce genre de situation, et pour ce genre de choses. S'il réfléchissait toujours trop sur comment les autres le voyait, il réagissait plutôt à l'instinct pour le contraire.

Il l'avait simplement salué. Haru s'approcha alors de lui, se décalant dans sa direction, étant lui aussi sur la banquette. D'ailleurs, en se détournant, Haru n'était plus assis, presque à quatre pattes sur la banquette. Elle le fixa, les yeux grands ouverts, le dévisageant de la tête jusqu'au pieds. Il semblait plutôt jeune, et surtout extrêmement banal... Ou peut-être pas ? On aurait dit qu'il se donnait un style sombre et ténébreux. A bien le regarder, il était même assez chou, en fait.

Alors, Haru finit, par poser définitivement son regard sur son visage. Il lui offrit alors un grand sourire, avant de lui répondre.

-Bonjour ! Je m'appelle Haru, et toi ?

La jeune femme, si familière, avait l'air d'une personne respirant la gaieté et la joie de vivre, de part la façon dont elle se tenait sur la banquette, ses yeux grands ouverts, et surtout de part le sourire qu'elle lui adressa et le ton de sa voix. C'était une petite chose toute mignonne et joyeuse.

"Bonjour ! Je m'appelle Haru, et toi ?"

Il ne s'attendait pas vraiment à une réponse ou à cette attitude. Se disant même qu'il n'en valait pas la peine, avec son style et sa mine si sombre, seul un regard de travers était ce qu'il méritait. Surpris, il lui répondit simplement, en prenant un certain recul :

"Je m'appelle George."

Les yeux qui lui faisaient face, avaient beau être d'une joli teinte rose, limpide, claire, d'une fraîcheur traduisant toute la personnalité, le caractère épanoui et empli de bien-être de la personne, et ainsi créant une harmonie sur son visage tant ils allaient si bien malgré le contraste avec la chevelure noire, et ainsi portant nombre d'indices en un seul regard, le garçon se refusait de les apprécier : le rose, c'est les fleurs, le sucre, la niaiserie. "C'est pour les filles comme elles."

Et comme cette "fille comme elle" se révélait être un petit plaisir pour ses yeux, comme quelque chose qu'on aime regarder et dont on ne se lasse pas, être une personne à l'allure mignonne et sympathique et dont on noue une amitié forte, et que cela se mélangeait à son obligation de rester masculin et ainsi de respecter les choses vrais, réelles et concrètes, qui n'appartiennent pas au monde de cette fille, le garçon ne sut comment réagir, il eut un sursaut, bafouilla et malgré lui une légère teinte rose colora ses joues et ainsi anima quelque peu son visage. Et cela précipita ses paroles, pour évacuer la gêne qui était née en lui.

"Euh, comment on fait pour prendre une boisson ici ?"