EVENT Groupe 3 (Engjel, Selene, Sören & Roland }

De nouveau, le jeune impertinent fut réprimandé par le docteur qui semblait s’être fait un devoir de le surveiller de près dans ses gestes comme dans sa façon de parler.  Il le contredit en expliquant qu’un homme pouvait autant avoir autant peur qu’une femme et que la peur était importante, car c’était ce qui permettait de rester en vie. Mais que, par ailleurs, il ferait tout pour protéger ses élèves.  

Le blondinet lui jeta un regard en coin, l’air maussade. Sa première rencontre à l’infirmerie lui revint en mémoire aussi distinctement que la première fois et où il se souvenait avoir été… déconcerté par les propos de ce docteur étrange.  Un adulte qui avait l’air de prendre réellement soin des enfants dont ils prenaient soin. C’était rare et… jusque-là, Roland n’en connaissait qu’un seul. Cela lui faisait penser à lui. C’était peut-être pour ça qu’il était autant trouble à ses côtés.

Le blondinet se vanta de son sens de l’observation incroyable et le docteur lui répliqua que s’il pouvait observer autre chose que les filles, ce serait bien utile. Il attendit qu’il ait le regard tourné vers autre chose pour lui tirer la langue. Peu importe la sensation qu’il produisait sur lui, c’était juste un docteur de pacotille!

La jolie Selene posa quelques remarques sur ce lieu complètement figé puis prévint Sören de faire attention aux racines sur le sentier. Évidemment, il ne put s’empêcher d’y ajouter son grain de sel:

“Jolie, observatrice et du genre à veiller sur les autres? J’avais raison, tu es bien un ange!”  déclara-t-il d’une voix chantonnant.

Elle se demanda également s’il y avait des informations supplémentaires, car il était vrai que leur mission demeurait mystérieusement vague. Retrouver une fille disparut ? Et donc ?
Il écouta Sören ajouter qu’il doutait que cette jeune fille en question réponde sans soucis… du moins, s’ils partaient du principe qu’elle puisse répondre. Puis il expliqua dans un soupir qu’il ne comprenait pas pourquoi l’Académie envoyait un groupe d’étudiant. S’ils se demandaient s’ils avaient envie qu’ils retrouvent quelque chose…

Il ne put s’empêcher de prendre la parole, une fois de plus pour exprimer son opinion en haussant les épaules d’un air décontracté:

“C’est possible! Peut-être que c’est juste histoire de dire “hey, tout le monde! Regarder par vous-même,  il n’y a  rien de bizarre ici!”

Puis un sourire apparut sur ses lèvres, un sourire taquin et en même temps plus mystérieux que les autres. Comme s’il ne plaisantait pas totalement :

“Ou alors,  la question est : que veulent-t-ils qu’on trouve ici exactement?”

C’était trop bizarre cette histoire, depuis le début. Envoyer des étudiants avec pour seule protection un membre du personnel ? Alors que le CPE Kaine lui-même n’a pas été capable de survivre ? C’était certainement plus complexe que cela en avait l’air. Et finalement, cette intrigue serait peut-être plus intéressante qu’il le pensait.

Mais voilà, tandis qu’il réfléchissait, il ne fit plus attention où il mettait les pieds et trébucha sur quelque chose, heureusement rattrapé par le docteur qui lui tenait encore le bras. Ce petit incident, peu discret, fit disparaître le peu de sérieux qui avait semblé émaner du blondinet.

Marchant à reculons dans la forêt, chose qui n'était pas vraiment une très bonne idée, Sören reçu un conseil avisé de la part de la seule fille du groupe, Selene, lui disant qu'il devrait peut-être se retourner à cause des racines du sentier. En effet, Engjel n'aimerait pas s'occuper d'une entorse en plus de cela, c'était se blesser de façon idiote. Il ne préférait pas répondre à la remarque de Roland…Sören semblait d'accord et l'approuva en lui faisant même un clin d'oeil avant de revenir vers le groupe. .A la question posée par la jeune femme, Sören tenta de répondre mais 'était sûr de rien… tout comme Engjel, d'ailleurs.

«  Non en effet, nous ne savons pas vraiment quoi chercher je vous l'accorde, et nous ne savons pas si la jeune femme peut répondre. Cela dit l'on pourra tenter de l'appeler quelquefois.  »

Le fait de l'appeler pouvait les mettre dans une situation risquée car leurs cris pouvaient prévenir la personne ou la chose qui avait tué Kaine et qui avait kidnappé la disparue… Ou pire.. Cela dit aucune mention d'une telle chose n'existait, du moins à ce qu'il en savait, de jour il ne connaissait aucun témoignage ou rumeur étrange… Alors auraient-ils plus de chance car il ne faisait pas nuit ? Peut-être, il ne pouvait non plus en être certain….

Roland tenta une réponse. C'était presque réfléchi comme réponse – Engjel était sûr qu'il y avait autre chose que le petit qui paraissait juste idiot- et il n'avait pas tort.

«  Ils ont aussi envoyé des professionnels. Mais vous n'êtes pas les seuls surpris, je vous rassure… Hm…  »

Alors que le médecin était en train de parler, Roland trébucha et par réflexe, le tenant encore par le bras, Engjel le retint pour qu'il ne tombe pas. Soupirant mentalement, il lui demanda tout de même.

«  Ca va ?  »

Sören regarda Selene d’un air surpris. Elle songea qu’elle l’avait peut-être froissé. Après tout, elle n’était pas douée en contact humain. Mais il se contenta de rejoindre le groupe et de marcher à leurs côtés. Il lui répondit même sur le ton de l’humour et lui fit un clin d’œil. Légèrement interdite, elle finit par sourire doucement. La remarque du jeune homme lui avait permis de se relâcher quelque peu.

Une autre remarque fusa, cette fois-ci de la part de Roland. Encore une fois, il la complimenta, guilleret. Elle baissa le regard, se demandant que répondre à ce genre de déclaration.

- Oh, et bien, hum… Merci ?

Selene avait beau avoir la réplique vive face à ses détracteurs, les compliments, même venant de la part de Roland (qu’elle devinait expert en la matière) lui étaient si inhabituels qu’elle ne savait jamais comment y réagir.

A sa question, les trois hommes lui répondirent. Sören fit remarquer qu’il était peu probable que la jeune fille puisse répondre, puis remit en cause l’Académie.

- Au vu des rumeurs sur l’état du corps retrouvé, je doute qu’elle soit indemne… Ou même en vie. Mais si M.Nagumo lui-même n’a rien pu faire, que pourrions-nous faire, nous, à notre niveau ?

Elle se tut un instant, puis ajouta :

- M. Hagen est beaucoup plus compétent que nous, et nous sommes en groupe, mais je pense que nous risquons de vous gêner plus qu’autre-chose, dit-elle en s’adressant au docteur. L’option la plus logique aurait été d’envoyer les professeurs en groupes, ou bien des professionnels, Sören a raison.

Roland émit une autre hypothèse, avec, pour une fois, plus de sérieux qu’à l’accoutumée. C’était peut-être vrai. Peut-être l’Académie cherchait-elle à leur faire comprendre quelque chose…  Mais quoi ?

Le médecin avoua ne pas avoir beaucoup d’information qu’eux, ce qui la fit froncer les sourcils. Si même le responsable du groupe, et donc représentant du personnel, ne savait rien, alors ils risquaient vraiment d’avoir de mauvaises surprises. Elle fut néanmoins rassurée de savoir que des professionnels étaient aussi sur le terrain.

- Dans ce cas, peut-être qu’on nous envoie juste dans des zones à risque très faible pour faire une battue, juste au cas où… Peut-être manquaient-ils d’effectifs… Ou alors…

Elle fut interrompue par le fait que Roland trébuche, et tourna vivement la tête vers son camarade, heureusement rattrapé par le médecin avant qu’il ne touche le sol. Il lui demanda s’il allait bien.

- J’espère que tu ne t’es pas fait une entorse… soupira-t-elle. Finalement, dit-elle en se tournant vers Sören, pas besoin de marcher à reculons pour trébucher.

Voyant que Roland n’avait rien, elle ajouta, l’œil pétillant :

- Ton légendaire sens de l’observation serait-il encore en train de dormir ?

L’humeur décontracté de ses deux camarades l’influençait, et elle sourit légèrement. Cependant, elle n’oubliait pas de rester concentrée sur l’environnement.

Roland trébucha et serait tombé si le médecin n’avait pas été présent pour le rattraper juste à temps. Ensuite, il tenta de retrouver le bon équilibre pour se  remettre sur ses pieds. Son visage se retrouvait rouge de honte, gêné que tout le monde ait pu assister à cette scène. Il tentait d’éviter le regard de l’homme aux cheveux blancs qui lui demandait si tout allait bien et répondit d’une petite voix, en grommelant:

— Ça va…

Pour une fois, il n’était pas très fier d’être le centre d’attention. Surtout lorsque sa nouvelle conquête déclara que finalement, il n’y avait pas forcément besoin de marcher à reculons pour trébucher.  Quoiqu’avant ça, elle s’était tout de même inquiétée à son sujet:

— Non, non ça va… répondit-il comme un petit garçon en détournant le regard.

Mais elle ajouta d’un ton taquin, l’oeil pétillant, si son sens de défaut n’était pas en train de se reposer. Elle était tout à fait adorable quand elle parvenait à se décontracter un minimum, quand elle souriait. Il tenta de reprendre un peu de contenance en se redressant droit, la tête relevée pleine de confiance et sa main libre posée sur le côté.

— Je m’économise pour la suite, évidemment!  
             
Et il se remit à rire joyeusement, en tentant de regarder un peu partout sauf sur ses camarades. En se baladant, son regard tomba sur le sol et ce fut à ce moment-là qu’il se rendit compte d’une couleur étrange un peu plus loin. Plusieurs taches jaunâtres çà et là. Curieux, il releva la tête en direction des arbres également vernis. Petit à petit, ses sourcils se froncèrent et son regard se fit plus prudent:

— Mais qu’est-ce que c’est que ça…

«  Je ne pourrai pas dire si vous me gêneriez ou non. Ne t'inquiète pas trop pour ça… Je suis d'accord avec vous ne vous en faites pas. Un groupement de professeurs aurait été plus intelligent.  »

Fut sa seule remarque. Il n'était pas le seul à penser que si Kaine n'avait pas pu tenir bon, envoyer les élèves était stupide… Ha… Il préférait s'arrêter ici. Après tout il ne savait pas quoi dire d'autre et ne faire que des suppositions n'étaient pas une bonne idées que Roland essayait encore de faire l'intéressant devant Selene, il trébucha alors qu'il était e train de dire apparemment quelque chose…. D'intéressant… Engjel vint même à se demander s'il avait quelque chose à dire et s'il n'avait pas réellement fait exprès de trébucher juste pour tenter de mettre tout le monde en haleine…. Enfin c'était peut-être un peu trop pour un élève aussi jeune que lui…

Dans tous les cas, il semblait aller bien, il en était gêné, cela se voyait et Selene fit même un peu d'humour. Sens de l'observation hein ? Roland essayait de se justifier, mais ce n'était pas très probant…. Il fini par quitter la proximité du docteur avant d'aller un peu plus loin. Soupirant, Engjel s'accorda une petite pause de quelques secondes avant d'être attiré par les propos de Roland. « Ca ? » … Qu'avait-il trouvé ?

«  J'arrive.  »

La voix du blond n'était pas spécialement inquiète, ce n'était certainement pas du sang qu'il avait trouvé, ils 'y dirigea donc et se pencha un peu pour voir.

«  C'est une blague ?  »Sens figuré, bien évidemment. Pour vérifier la consistance il prit une branche. C'était assez visqueux en effet. «  C'est du plasma. Une partie du sang, en sommes.  » Il se releva. «  On dirait que la trace se poursuit dans une direction. On va y aller. Restez plutôt derrière moi. Ca descend, faites attention.  »

Inspirant, puis soupirant, Engjel se tint à un arbre pour descendre et vérifiait que tout le monde ne tombait pas avant de continuer.

Alors même que Selene souriait en taquinant Roland, elle aperçut du coin de l’œil une chose anormale sur un arbre. Perdant son sourire, elle se détourna de ses camarades et s’approcha de quelques pas de ce qui semblait être du liquide jaunâtre. Plissant les yeux, elle réfléchit.

Dans le même temps, le rire de Roland s’éteint, et elle l’entendit marmonner :

- Mais qu’est-ce que c’est que ça…

Elle se retourna vivement et découvrit que le même fluide était étalé au sol, quelques mètres devant Roland. Il y en avait partout, si l’on regardait plus loin. Pourtant, dix mètres avant, rien de ce genre. Elle l’aurait remarqué. Ce qui signifiait que ces traces venaient de la forêt. Il restait à déterminer d’où elles provenaient et où elles allaient. A partir de maintenant, se tromper pouvait s’avérer dangereux. Car ce liquide n’était certainement pas de la sève.

- C'est du plasma. Une partie du sang, en somme.

La remarque du médecin appuya ses pensées. Mais pourquoi du plasma ? Pourquoi pas du sang ? Qu’est-ce qui avait pu ainsi diviser le liquide ?

- On dirait que la trace se poursuit dans une direction. On va y aller. Restez plutôt derrière moi. Ça descend, faites attention.

- Prenons un échantillon, déclara-t-elle. Si on ne trouve rien, ça pourrait être utile.

Elle sortit de sa besace un mouchoir. Si c’était bien du plasma sanguin, elle ne risquait pas grand-chose à en prélever. Ce n’était sans doute pas toxique, mais elle prit la précaution de ne pas rentrer en contact avec le liquide. Elle en prit sur le tissu de coton, le replia de sorte à ce que rien ne puisse en sortir puis le rangea dans une poche à part de son sac. Minimisons les risques.

- Vers quoi allons-nous ? La source ? Ou l’arrivée ?

Elle attrapa un fin tronc d’arbre puis entama la descente tout en réfléchissant à sa question. Devant elle, le médecin prenait soin de vérifier qu’elle ne tombe pas. Arrivée en bas de la pente, elle remarqua un indice qui la frappa. Comment avait-elle pu ne pas le déduire plus tôt ?

- Les traces sur les arbres sont toujours de notre côté, dit-elle. Et il y avait des griffures sur l’écorce, dans la pente.

Elle s’approcha d’un tronc, y posa sa main, puis avança. Oui. Lorsqu’on perdait du sang, on s’appuyait sur l’arbre. Pas moyen que l’on laisse une trace sur le côté le plus inaccessible. Si l’on suivait cette direction, alors les traces étaient de notre côté.

- Je ne sais pas ce qu’on va trouver au bout de cette piste, mais en tout cas, nous le suivons. Si cette personne, ou cette chose est blessée, il est très probable qu’elle ait emprunté la même direction que nous.

Ils avaient totalement quitté le sentier, et seule la piste jaunâtre leur permettrait de se diriger désormais. Elle se tourna vers le docteur.

- Comment peut-on seulement avoir du plasma sanguin, au lieu du sang complet ?

Roland était surpris que le docteur prenne parti pour les élèves. Qu’envoyer des professeurs aurait été la solution la plus évidente et la plus prudente. Ce qui renforçait les pensées du blondinet qui commençait sérieusement à envisager ce qu’il avait déclaré un peu plus tôt. Que ceux qui se tenaient en haut de l’échelle avaient une idée derrière la tête. Une idée dont même le personnel n’était visiblement pas au courant devant l’attitude de ce docteur ou même avec la mort du CPE.  Il faudrait plutôt s'avérer prudent pour la suite. Il ne serait pas étonné qu’une autre disparition se produise parmi les élèves.

Ensuite, Roland avait repéré des taches jaunâtres. Du plasma selon le docteur qui l’avait rejoint avec les autres et qui se poursuivait effectivement dans une direction bien précise.
Selene intervenu rapidement en proposant de prendre un peu d’échantillons. Visiblement, la jeune fille pensait à tout ! Il ne put sans grande surprise se retenir de faire une remarque en agitant ses bras de façon théâtrale et exagérée tandis qu’elle descendait pour prendre le liquide:

— Ahhhh, qu’est ce que nous ferions sans toi!

Mais elle remarqua alors des griffures sur l'écorce avant de faire remarquer que la personne ou la chose dont ils suivaient la piste devait avoir pris le même chemin qu’eux.
Puis elle se retourna vers le docteur avant de faire une remarque pertinente.  Que comment pouvait-il n’y avoir que du plasma sanguin au lieu de sang complet, ce que Sören ne manqua pas d’appuyer.  Il supposa que quelqu’un les avait peut-être laissés là exprès sans réellement l’affirmer.  

— Ça ne m’étonnerait même pas,  déclara Roland les bras derrière la nuque dans un geste nonchalant.  Mais bon, suffit juste de suivre cette piste pour le découvrir, non?

Il se retourna ensuite vers le docteur avant d’ajouter d’un air malicieux :

— C’est quand vous voulez docteur, fin’ le plus tôt sera quand même le mieux.