Dis moi ce que tu aimes, je te dirai qui tu es ! [PV Selene]

Lauryn avait donné rendez-vous à Selene pour passer un peu de temps avec elle au centre commercial de la ville, il y avait toujours beaucoup de choses à faire et c’était un bon moyen pour connaître un peu mieux une personne et ses goûts. Elle n’était venue ici qu’une fois, pour voir un peu la librairie et avait fait la rencontre d’un jeune homme… Qu’elle avait pris pour une fille. À part cela, c’était la première fois qu’elle venait dans le but de réellement visiter, en plus avec quelqu’un.

Pour la journée, elle s’était habillée décontractée, ayant laissé de côté son uniforme pour un pantalon large et bleu marine, un débardeur bleu ciel et des baskets blanches. Elle avait attaché ses cheveux mi-longs en une queue-de-cheval haute, parce qu’il faisait toujours chaud et qu’elle n’aimait pas sentir ses cheveux sur son cou lorsqu’elle marchait, peut-être allait-elle se couper les cheveux encore plus court ? Ce n’était pas important aujourd’hui en tout cas.

Elle se tenait debout, un peu à l’écart de la porte d’entrée pour ne pas gêner les passants, il y avait un peu de monde, c’était toujours le cas et de toute manière Lauryn aimait lorsqu’il y avait de la foule, elle se sentait un peu moins seule. Elle savait que Selene n’était pas vraiment du genre à faire des sorties, mais elle espérait qu’elle fasse une petite exception aujourd’hui. Et puis, cela ne faisait jamais de mal de sortir un peu et de passer un moment de détente. Elle se demandait ce que son amie aimait faire, en dehors de la bibliothèque et des sciences, elle ne connaissait pas grand-chose d’elle au final.

Elle était arrivée en avance, elle détestait arriver en retard, de ce fait, elle partait toujours beaucoup trop tôt. Pour se distraire, elle lisait les différentes boutiques et autres lieux qui se trouvaient dans le centre commercial, sur le panneau juste à côté de la porte. Il y avait un coin SPA qu’elle aimerait aller voir, mais elle n’était pas sûre que Selene apprécie les animaux, encore une fois, c’était une bonne occasion d’en apprendre plus !

Les sorties récréatives de Selene se comptaient sur les doigts de la main. Elle appréciait bien plus le calme et la solitude que la foule bruyante et mouvante omniprésente dans tous les lieux publics. Cependant, elle avait décidé de faire aujourd’hui une dérogation. Lauryn l’avait si gentiment invitée, elle ne pouvait pas refuser. Ce serait de plus une bonne occasion de mieux se connaître. Si elles avaient échangé quelques mots à la bibliothèque, ils ne suffisaient pas à en dresser un portrait complet, si intéressant l’échange fut-il.

Pouvant abandonner l’uniforme de lycéenne en dehors des cours, elle avait revêtu une tenue noire de la tête aux pieds. Elle jeta un coup d’œil au miroir. Même sans maquillage, ses yeux bleus ressortaient violemment sur les habits sombres. Peut-être devait-elle mettre quelque chose qui la fasse moins apparaître comme un corbeau, avec des tissus plus colorés ? Après tout, il ne s’agissait pas de repousser sa nouvelle amie… Elle haussa les épaules. Lauryn était une jeune femme tout à fait ouverte. Elle ne tiquerait pas pour si peu.

Elle se rendit en ville puis marcha vers le centre commercial. Elle vit aussitôt la masse de gens autour et dans le bâtiment, et soupira. Quel vacarme… Elle chercha des yeux sa camarade, ses yeux s’attardant, comme par habitude, sur chaque personne sur laquelle ils se posaient. Quelques-unes d’entre elles la croisèrent du regard, puis détournèrent rapidement la tête, comme si garder trop longtemps un contact visuel avec elle risquait de les foudroyer sur place.

Elle aperçut soudain Lauryn sur le côté de l’entrée, et se dirigea vers elle en souriant. La jeune femme était en train de lire le panneau de présentation des boutiques, et semblait totalement absorbée par sa lecture.

- Tu nous prépares un programme shopping ? demanda-t-elle sur le ton de la plaisanterie en arrivant à côté d’elle.

Elle la salua, puis observa les différents lieux proposés sur le tableau d’affichage. Le nombre de boutiques de vêtements et de maquillage était effarant. Si encore elles étaient spécialisées… Elle retint les adresses pouvant l’intéresser. Librairie, cafétéria… Animalerie ? Elle sourit. Combien d’animaux pouvait contenir une boutique de cette taille ? Elle se devait d’aller voir. Elle espéra que Lauryn n’était pas trop portée sur les vêtements, elle qui n’achetait des habits qu’une à deux fois par an. Elle se tourna vers son amie.

- Lesquelles t’intéressent ? demanda-t-elle en désignant le panneau.

Lauryn fut un peu surprise en entendant la voix de Selene, mais elle fit tout pour ne pas montrer sa stupeur. La jeune fille était habillée tout en noir et Lauryn trouva que cela lui allait parfaitement bein. Elle se demanda quand même ce que cela donnerait si elle s’habillait de manière colorée, peut-être qu’en passant devant une boutique de vêtement, elle pourrait lui faire essayer ! Le jaune lui irait sans doute très bien… Il fallait vraiment qu’elle se calme ! Elle se réprimanda intérieurement.

- En fait au début, je m’étais dit qu’on pouvait se balader un peu au hasard, mais je n’avais pas réalisé que c’était aussi grand ! D’ailleurs, je ne comprends pas l’intérêt d’avoir autant de boutiques de vêtements et de maquillage, il n'y a qu’une librairie et ça suffit amplement !

Lauryn n’avait pas vraiment conscience de la notion de mode et de style, elle mettait ce qui était confortable, de préférence bleu et le tour était joué. Bien sûr, c’était intéressant d’avoir des choix différents, mais deux ou trois boutiques pourraient suffire, mais il y en avait beaucoup plus ici.

- Je me disais qu’on pourrait aller au deuxième étage aujourd’hui, c’est là où il y a la librairie et un petit salon de thé au fond ! Ils font de super bonnes pâtisseries !

Les livres et de la nourriture, tout ce qu’il y avait de mieux dans ce monde à son goût. Et elle ne se cachait absolument des priorités qu’elle avait dans la vie, après tout on en a qu’une, autant faire ce qui nous plaît au maximum.

- Et puis il y a aussi une animalerie, et… Je ne sais pas si tu aimes les animaux, mais moi, je les adore ! Surtout les chats…

Elle avait dit sa dernière phrase plus faiblement, il faut dire qu’en Australie, les animaux les mieux vu étaient les chiens, les chats n’étant pas aussi présents et moins utiles. Pourtant, elle les trouvait plus mignon et plus intéressant par le fait qu’ils soient très indépendant.

Lauryn se retourna vivement vers Selene, qui se blâma intérieurement de toujours arriver comme une ombre. Un jour, elle tomberait sur quelqu’un de cardiaque… La tenue de la jeune femme ne la surprit pas. Simple, mais colorée. Elle semblait savoir s’habiller. Selene était plutôt du genre à choisir un vêtement à cause de sa couleur ou sa forme, sans trop se préoccuper s’il irait avec une tenue. De toute façon, elle sortait peu, et l’avis des autres n’importait guère. Si elle avait dû écouter toutes les critiques à son égard, elle aurait arrêté tout type de sport pur pour se mettre à la danse ou la harpe. Foutaises.

Elle sourit à la remarque de son amie.

- C’est drôle que tu dises ça, j’étais justement en train de le penser…

Elle songea que, décidément, elles semblaient avoir de nombreux points communs. La proposition de la jeune femme la satisfit entièrement. Elle ne mangeait pas spécialement sucré, mais une gâterie de temps à autre était toujours la bienvenue. De plus, elle n’avait pas trouvé à la bibliothèque de l’académie un livre très récent, et se promit donc de l’acheter en passant. Elle espéra toutefois être capable de se retenir de dévaliser la boutique.

Son regard brilla lorsque Lauryn évoqua l’animalerie. Elle avait secrètement espéré pouvoir y entrer et s’y attarder.

- Je trouve que c’est un très bon plan ! J’espère ne pas exploser mon budget de livres… soupira-t-elle avant d’ajouter : Et ne t’inquiète pas, j’aime beaucoup les animaux aussi, quels qu’ils soient… D’où je viens, les chats sont très appréciés, mais à vrai dire, je pense que chaque animal a ses avantages et ses inconvénients. Enfin, par rapport aux êtres humains, je veux dire.

Un vague souvenir lui parvint à propos d’un rongeur qu’elle avait dû posséder plus petite, mais elle ne parvint pas à l’éclaircir. A vrai dire, elle ne savait même plus si elle avait eu des animaux domestiques enfant. Sans doute pas chez son père, dont elle avait encore l’image floue d’un homme violent et cruel. Quant à sa mère, elle n’en possédait pas le moindre souvenir. Elle songea tout à coup à la possibilité d’adopter un animal. Pourquoi pas, après tout ? Il suffisait qu’il soit assez autonome pour être seul durant la journée… Elle devrait cependant attendre la fin de l’année, vivant encore dans un dortoir, elle n’était pas certaine d’avoir l’autorisation d’y faire vivre un animal. Vivement l’année prochaine, qu’elle puisse avoir son propre logement !

- Allez, entrons, dit-elle finalement en tentant de ne pas remarquer la foule qui les entourait.

- Mon plus gros problème avec l’achat de livres, c’est le manque de place dans ma chambre pour tous les ranger !

Elle n’avait pas vraiment de problème d’argent, même si elle ne se souvenait plus d’eux, ce qui était perturbant, ses parents devaient avoir été riche puisque son compte en banque était bien rempli. Elle ne préféra néanmoins pas le dire, elle n’avait pas envie d’avoir l’air de se venter, il n’y avait rien de spécial à être riche, surtout lorsque ce n’était pas de l’argent gagné par soi-même.

Elle se demanda aussi à quoi pouvait ressembler la chambre de son amie, dans plusieurs livres, ce lieu était considéré comme le reflet de la personne. La chambre de Lauryn était dans un bazar sans nom, avec des piles de livres qui tenaient pour une raison qu’elle ne comprenait elle-même pas et ses habits gisaient un peu partout. Il fallait qu’elle pense un jour à aller aux machines à laver, mais elle avait bien souvent trop la flemme de le faire, tant qu’elle avait des habits propres à mettre, elle s’en fichait.

- Tu ne m’as jamais dit d’ailleurs, tu viens d’où ? Je sais qu’au japon, les chats sont adorés ! En tout cas, je trouve quand même les animaux moins compliqués à comprendre que les êtres humains.

Lauryn remarqua que son amie n’avait pas l’air très à l’aise, était-ce la foule qui les entourait ? Il est vrai qu’elle n’avait pas beaucoup réfléchit en venant ici, tout le monde n’aimait pas être au milieu d’autant de monde. Elle s’en voulut un peu, en y réfléchissant, il était vrai que Selene était souvent seule et isolée. Elle se dirigea vers l’entrée, du côté où il y avait le moins de monde.

- Si tu veux, on peu commencer par la librairie, il y a moins de monde en général ! Tu veux acheter quoi ? Personnellement, je vais aller voir s’il n’y a pas des sorties au niveau des comics de super-héros ! Il n’y en a pas du tout à la bibliothèque.

Dire qu’elle aimait les histoires de super-héros était un euphémisme, même si elle rêvait d’écrire un livre et non de scénariser une bande dessinée, elle souhaitait tout de même un jour écrire sur ce thème, tout en apportant une bonne réflexion sur le sujet.

Elle décida, en espérant que cela ne dérange pas trop Selene, de passer par les marches et non pas par l’escalator, ce dernier étant bondé, avec toujours ses personnes, des idiots selon Lauryn, qui restaient devant la sortie pour parler à leurs amis, dérangeant tout le monde. Pourquoi les gens restaient-ils toujours devant les portes ou devant les marches, la plupart sans se rendre compte qu’ils dérangeaient, il ne fallait pas avoir un immense QI pour se rendre compte que l’on gênait plus qu’autre chose.

Selene se demanda combien de livres Lauryn comptait dans sa chambre. L’étudiante devait sans doute posséder un appartement, ou du moins un studio, ce qui lui permettait sûrement une place réservée à la lecture conséquente. Selene avait recouvert ses murs d’étagères, mais elle savait qu’ils risquaient fort ne pas suffire. C’est pourquoi elle lisait un maximum à la bibliothèque, qui se trouvait être plutôt complète, fort heureusement.

- Haha, moi aussi, ne t’inquiète pas… fit-elle avec un léger sourire.

La remarque de Lauryn la plongea un instant dans ses pensées. D’où venait-elle ? Elle n’avait pratiquement aucun souvenir de ses maisons, mais elle avait bien habité dans deux pays. Elle réfléchit. Sa mère venait d’Écosse. Son père de France. Elle, des deux. Où précisément ? Aucune idée. Mais les magnifiques paysages d’Écosse la rendirent nostalgique l'espace d'un instant.

- Je viens de deux pays. Enfin, j’ai deux nationalités… Ecossaise et Française. En Ecosse, les animaux, en particulier les chiens et les chats, sont très appréciés et considérés comme des membres de la famille. Je crois même qu’on leur envoyait des cartes d’anniversaires, ajouta-t-elle en souriant, les yeux cependant perdus dans le vague.

Elle fut reconnaissante à Lauryn lorsque celle-ci lui proposa de commencer par la librairie, puisqu’il y avait peu de monde. Selene n’avait pas peur des foules, mais elle avait tendance à se focaliser sur le moindre détail, comme les conversations environnantes, et elle peinait à suivre son interlocutrice tout en tendant inconsciemment l’oreille.

- Ha, tu aimes les super-héros ? C’est vrai que certains ont de sacrés pouvoirs, haha. Je ne suis pas particulièrement comics, mais j’aime bien les bandes dessinées en général. Comme pour les livres, il n’y a pas de limite à l’imagination. Et puis, c’est intéressant de voir le jeu des cases, ce genre de choses. Tu as un super héros préféré ? demanda-t-elle alors qu’elles empruntaient l’escalier.

Peu de personnes prennent les marches, songea-t-elle. En tant que sportive, c’était une habitude qu’elle avait personnellement prise, mais elle n’aurait pas pensé que Lauryn soit du même avis. De toute façon, un coup d’œil à l’escalator bondé suffit à lui faire comprendre cette décision.

Elles arrivèrent bientôt devant la librairie, qui, en réalité, n’était pas si petite que ça. Nouveautés, journaux, classiques, des mangas aux livres d’enfants, tout y était. Elle ferma les yeux et se promit de n’acheter que le livre qu’elle cherchait. … Plus un autre. Elle n’avait pas souvent l’occasion de sortir. Le peu de personnes présentes lui permirent d'être un peu plus concentrée.

- Que de choix… commenta-t-elle.

Être à la fois écossaise et française rendait Selene encore plus cool aux yeux de Lauryn, elle avait toujours beaucoup aimé ces deux pays, après tout, elle s’était spécialisé dans la littérature française. Elle regrettait juste ne pas être capable de parler la langue et de pouvoir les livres dans leur version originale. En plus, les livres parlaient souvent de à quel point ce pays était beau, à visiter absolument. Elle aimerait beaucoup s'y rendre, un jour…

- Tu viens de loin ! C’est comment en Écosse ? Je dois avouer que je ne me suis intéressée qu’à la France. Moi, je viens de, roulement de tambour, de l’Australie, donc tu vois déjà comment c’est, beaucoup trop chaud !

Elle réfléchit un peu, elle n’avait pas vécu partout en Australie et suivant les régions, les températures pouvaient pas mal changer, mais là où elle avait grandi, proche d’un désert, tout avait toujours été sec et chaud, la pluie était vue comme un miracle qui arrivait souvent l’automne.

Lauryn acquiesça au commentaire de son amie sur les bandes dessinées et l’imagination qui n’avait pas de limite, même si elle avait tendance à se conforter dans un style avec un type d’histoire.

- J’aime beaucoup les XMen pour ce qu’ils représentent et les commentaires sur la société qu’il y a à travers leurs histoires, puisqu’ils représentent les minorités qui n’ont pas vraiment le choix d’être ainsi, face aux gens dans la norme et leurs réactions, souvent le rejet. Tu aimes quoi comme Bande dessinée du coup ?

En arrivant dans la librairie, Lauryn se sentit vraiment bien, elle se demandait si c’était bizarre d’être mieux entourée de livres que d’humains. Elle jeta un œil rapidement aux nouveautés qui étaient présentées, mais les auteurs de ces romans ne lui inspiraient rien, ils étaient plus connus pour leur image que pour une quelconque bonne plume. Selene, quant à elle, avait l’air d’être intriguée par certains ouvrages.

- Tu as envie d’acheter quelque chose de précis ? Moi, je pense que je vais me contenter d’un comics et d’un livre de poche, s’il y en a qui m’intrigue… Je suis assez difficile !

En savoir plus sur les goûts de lecture était aussi important !

Selene fut surprise de voir pétiller les yeux de sa compagne. Comparés à un pays aussi riche et varié que l’était l’Australie, ses deux pays d’origine lui semblaient bien ternes.

- Ho, eh bien… L’Ecosse est un pays magnifique, on ne peut pas lui enlever ça… Quand on m’a fait rentrer en France, j’ai trouvé mon nouveau pays assez triste. Peut-être étais-je dans un coin peu pittoresque, aussi. On m’a souvent emmenée en visite en Ecosse. Les ruines, les montagnes, la verdure, les lacs… Vraiment, c’est quelque chose que je n’oublierai jamais.

Selene revoyait ce qu’elle décrivait, l’âme loin, tellement loin de ce centre commercial d’Australie.

- La France, à côté, c’était… gris. Tout me paraissait moins chatoyant. Peut-être parce que j’avais grandi.

Ou peut-être parce que sa mère était morte. Un de ses plus forts souvenirs, c’était ce gendarme dans la force de l’âge, tentant de lui expliquer la situation, désolé. Elle ferma les yeux. Se replonger dans ses souvenirs n’engendrait rien de bon. Elle se força à penser à autre chose.

- Je n’ai vu que très peu de choses de l’Australie… Et pourtant, je suis là depuis deux ans ! Il y a tellement de choses à visiter… Et puis, ici, on est dans la zone tempérée, alors on n’a pas trop à se plaindre de la chaleur. Comme je viens d’Europe, il y a peu de différences là-dessus, à part les mois pour les saisons !

Elle écouta la réponse de son amie puis continua :

- C’est vrai que les Xmen sont très intéressants, et j’aime bien la diversité de leurs pouvoirs. Le personnage de Wolverine me plaît particulièrement, comme beaucoup, je suppose. Tu as vu Logan, le film sorti pour conclure son histoire ? Je l’ai trouvé bien plus touchant que tous les autres réunis. Enfin, je ne sais pas ce qu’il en est pour les comics, j’en lis vraiment rarement.

Elle réfléchit un instant avant de répondre à la question.

- Hum, je dirais… De cape et de crocs, pour la qualité incroyable des dialogues, l’intrigue et le dessin. Blacksad, aussi, un dessin magnifique mêlé à une histoire très sombre. Il y en a beaucoup d’autres, mais je ne pourrais pas tous te les citer, ajouta-t-elle en souriant légèrement.

Elle vit que Lauryn se détournait rapidement des nouveautés, cherchant du regard un ouvrage au hasard. Elle se pencha tout de même sur les nouvelles rentrées.

- Je cherche un livre absent de la bibliothèque… Mais il n’a pas l’air d’être ici non plus. Il doit être encore trop tôt. Tant pis, j’attendrai.

Elle parcourut des yeux les rayons.

- Comment un roman comme After peut-il se vendre autant alors que des perles demeurent dans l’ombre… soupira-t-elle. Oh, Marx et la poupée… Prix Goncourt 2017 en France. Finalement, ils ont du choix dans cette librairie, plus que ce que je n’aurais pensé. Je vais en prendre un australien aussi…

Elle prit le livre, fit quelques recherches et tomba sur Between a wolf and a dog. Elle sourit. Entre chien et loup… L’auteure avait utilisé une expression française. Celle-ci était compréhensible en anglais, parce que l’image était claire, mais n’avait pas véritablement de sens. L’écrivaine souhaitait sans doute faire le rapprochement avec une sorte de « loup à patte blanche ». Prendre un quelque chose de dangereux et sauvage pour une chose d’inoffensif. Ou quelque chose de ce genre. Elle le découvrirait en lisant. Elle se détourna des rayons, déterminée à ne pas dépasser son quota.

- Je m’arrête là ! Tu as trouvé chaussure à ton pied ?

Lauryn écoutait attentivement le récit de Selene sur les deux pays, elle pouvait sans doute comprendre le sentiment, néanmoins, elle ne perdait pas l’envie d’aller voir la France par elle-même. Mais à présent elle avait aussi l’envie d’aller visiter l’Écosse, dans son imaginaire, dû à la télévision, elle voyait les lieux comme de grandes étendues plates de verdures et le temps toujours prêt à tourner en tempête. Au vu de la description de son amie, elle avait sans doute tout faux.

- C’est vrai qu’on est dans une région où le temps est plus agréable, personnellement, j’ai grandi dans une région très aride où il pleuvait rarement, très proche du désert. Même si on s’habitue à la chaleur, la température que l’on a ici est tout de même bien plus agréable. Par contre, je ne sais pas si je supporterais la neige et le froid hivernal de certaines régions. Par contre, les paysages enneigés ont l’air superbes !

Elle avait souvent vu des photos dans des albums qui donnaient envie d’assister à ce genre de scène, après tout, elle n’avait jamais eu l’occasion de voyager plus loin que l’Australie. Elle l’écouta aussi sur les Xmen et fut contente d’être tout à fait d’accord.

- Oui, j’ai vu et j’ai adoré. De toute manière, c’est le seul film où Logan est vraiment lui-même, à se déchaîner et à couper littéralement des membres. J’ai toujours trouvé les films de super-héros récent trop gentil. Pour certain, comme les amazing spiderman, c’est logique, mais pour d’autres, on a vraiment l’impression qu’ils restent dans le cliché « les comics de super-héros, c’est pour les enfants », alors que nous, ça fait un bout de temps d’ailleurs ! Mais faut les comprendre, ça vend mieux si c’est tout public qu’un film interdit aux moins de 13 ou 16 ans.

Lauryn réfléchissait sur les comics qu’elle connaissait qui ne parlait pas de super-héros, elle prit le temps de noter mentalement les titres que son amie lui nommait.

- Si tu ne trouves pas, tu peux commander. Généralement, ça arrive en moins d’une semaine.

Pendant que son amie cherchait des livres dans son coin, Lauryn s’était aventurée au niveau des essais, ce n’était pas très populaire donc il n’y avait qu’une étagère, ce qui était un peu triste, mais au moins, les livres étaient moins chers que les romans. Elle en choisit un sur la science-fiction et son rapport avec le réel. Elle choppa finalement le dernier tome sur Hawkeye qui était un personnage bien plus intéressant dans les comics que le personnage fade qui se trouvait dans les films. Elle soupira, les adaptations faisaient n’importe quoi avec les personnages peu connus.

- Je m’arrête là ! Tu as trouvé chaussure à ton pied ?

- Yeap !

Elle montra ses deux choix, avec un grand sourire sur la figure.

- Et toi ? On va à l’animalerie après ?

- Le changement ne t’a pas trop déstabilisée ? demanda Selene, intéressée. Si tu t’es habituée comme ça à des températures plus basses, je ne pense pas que le froid te posera trop de problèmes… Surtout que c’est vrai, l’hiver est splendide dans certaines régions. Et puis, quand on est enfant, la neige est quelque chose d’assez féérique.

Elle sourit au commentaire sur la censure de films de super-héros.

- Oui, pour une fois, on voyait du sang, des morts, et surtout, les personnages n’étaient pas épargnés. L’état du professeur, par exemple, c’est quelque chose qui n’aurait pas été possible ailleurs, pas sur un personnage aussi important et apprécié. Le voir comme ça m’a tout de suite mise dans l’ambiance. Et aussi, c’est l’un des rares films de super-héros où le héros ne doit pas sauver le monde ou sa petite amie. C’est juste…

Elle chercha ses mots un instant.

- Un fuite en avant. C’est tout de même rare, non ?

Elle sourit au conseil de son amie. Elle y avait pensé, en effet, mais pourquoi se précipiter ?

- Je n’aime pas presser les choses. Elles vont comme elles viennent, après tout. Au fait, tu aimes quelles bandes dessinées, toi ? Je ne t’avais pas posé la question en retour…

Le temps que Selene fasse ses choix de lecture, Lauryn avait fait les siens. Elle regarda avec intérêt sur quoi s’était porté l’attention de son amie.

- Qu’as-tu pris ? Je ne connais pas ce comics… murmura-t-elle avant de répondre : j’ai pris le prix Goncourt français de cette année et un livre australien, tu connais peut-être, Between a wolf and a dog ? Il a l’air vraiment intéressant !

Ses yeux pétillèrent quand Lauryn évoqua l’animalerie. Cela lui donnait très envie. Après s’être plongée dans les livres et les œuvres humaines, il lui tardait de renouer avec la nature en allant à la rencontre d’animaux, qu’ils soient sauvages ou domestiques.

- Oui, ça me tente bien ! Oh, il n’y a personne à la caisse, profitons-en.

Tandis qu’elle payait ses achats (qui restèrent fort heureusement dans sa limite de budget), elle demanda :

- Tu y es déjà allée ? Quelle sorte d’animaux y vivent ?